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Tu permets?

12 décembre 2012

Tu permets?

C'était une vieille idée, je ne sais même plus qui l'a eue en premier. Faire un blog, pour avoir un espace à nous où l'on puisse continuer à échanger des idées, des articles, des dessins et des photos, même loin les uns des autres. Un projet abandonné faute de motivation collective; et jusque là on s'en est sorti sans. Mais finalement..

On passe tous une bonne partie de nos journées en cours, assis sur une chaise, en face d'un prof censé nous transmettre son savoir. En général, il a lui-même passé des années entre quatre murs, le nez collé à son écran, et ce sont les années les plus chiantes de sa vie qu'il va nous raconter par tranches d'une heure et demie. Et la plupart du temps au mauvais moment : quand on n'est pas encore réveillés, ou déjà endormis, quand on a faim ou trop mal au crâne pour écouter. De toute façon il fait toujours trop chaud dans ces salles.

Et on participe docilement à un rapport de domination dans lequel on est écrasés. La transmission verticale du savoir - que la pratique forcénée de l'exposé ne fait que maquiller - ne va pourtant pas de soi. Mais il faut bien lui reconnaître une certaine efficacité : elle permet de toucher un large public (un prof pour 10, 20, 100 personnes), et facilite le contrôle et l'évaluation.

Pourtant, ce format laisse peu de liberté à l'étudiant : dans un cours, on ne peut ni faire le tri dans l'information que l'on reçoit d'un bloc, ni l'orienter vers des sujets qui nous intéressent. En somme nous ne pouvons pas choisir contenu du cours qui va nous être délivré : dès lors que l'on s'est inscrit dans telle filière, on s'engage à en suivre les cours. On a acheté un package dont on ne pouvait que deviner le contenu.

Soit. Parfois c'est intéressant, enrichissant, motivant, enthousiasmant.
Parfois non.

Quoi qu'il en soit, ça ne me suffit pas. Ca ne me suffit pas, parce que la verticalité de l'enseignement en formate le contenu. Ainsi, les expériences individuelles - subjectives et contingentes - n'ont pas leur place dans un contexte académique où l'on ne valorise que l'objectif et l'universel (plus aisément transmissibles). De même les opinions et les prises de position idéologiques et politiques. Et pourtant, j'ai souvent l'impression que partager expériences, opinions et point de vue est beaucoup plus épanouissant, intellectuellement comme humainement, que réviser un cours magistral d'histoire des relations internationales trois jours avant le partiel - partiel auquel j'aurais entre 8 et 12/20, une note qui montrera que j'ai acquis un niveau de connaissance suffisant en la matière. Que dalle.

Alors on s'est dit Alice et moi qu'il serait temps de valoriser tout ce qu'on a appris en parlant et en observant, en rencontrant des gens, en voyageant. Ce qu'on a vécu et ressenti est précieux, et vaut le coup d'être partagé. Il serait temps aussi d'échanger sur tout ce qu'on a lu les uns et les autres, tout ce qui nous a plu, motivé, enthousiasmé, mais que l'école ne valorise pas parce que ça ne rentre pas dans certains cadres de pensée. L'idée du blog est donc revenue parce que ça permet de créer un espace à nous et pour nous (et pas forcément pour la terre entière), un cadre assez souple pour partager ce qui nous intéresse.

On s'est aussi dit que si personne ne prenait l'initiative de créer un blog, en décidant arbitrairement (au moins dans un premier temps) d'une adresse, d'un titre, d'une mise en page, alors on aurait beau en parler, personne ne le ferait. Donc je l'ai fait parce qu'il fallait bien que quelqu'un commence, mais ce "projet" ne peut devenir intéressant que s'il est collectif.

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